Diffuse ce dimanche 16 mai sur Arte, la soiree culte de Jane Campion, honore d’une Palme d’Or a Cannes en 1993, relate le combat d’une femme au XIXeme siecle Afin de reconquerir sa propre voix.
On entre dans J’ai Lecon de piano (1993) guide par une voix aux tonalites trop aigues et enfantines pour appartenir a l’actrice mure qui la porte. Cela s’agit de sa voix interieure (“mind voice”) nous explique Ada (Holly Hunter), celle qu’elle a enfermee depuis l’age de ses six ans dans un corps mutique. Se taire puisque de toute maniere on ne est gui?re entendue, voila le credo que s’est donne reellement tot la petit veuve.
En raison d’un mariage force conclu avec son pere, elle est expediee avec sa propre fille (Anna Paquin) au c?ur du bush neo-zelandais Afin de partager la vie du colon Alistair Stewart (Sam Neill). Seul lui importe le https://datingmentor.org/fr/sites-de-rencontre-senior/ piano : son souffle vital et unique possible d’expression. L’instrument, abandonne par le autre epoux, echoue pourtant en mains de l’ambigu George Baines (Harvey Keitel) qui oblige la jeune femme a se vendre pour le recuperer.
Le vice et la vertu
Pour son troisieme long-metrage, Jane Campion nous conte une passion cruelle digne du romantisme noir, en direct inspiree du roman de Jane Mander et de la litterature gothique, des soeurs Bronte ou d’Ann Radcliffe. Le heroine, inadaptee au monde sauvage dans lequel elle est parachutee, va etre forcee de composer au milieu des points hostiles. A commencer avec les hommes, qui tentent de l’apprivoiser au meme titre que la lande ancestrale des Maoris.
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Dans cette foret asphyxiante, ou des cabanes de fortune manquent d’etre englouties par la boue sombre, Ada se refuse a perdre son instrument, seul bien precieux qui Notre raccroche au monde. J’ai petit cousine s’enlise aussi dans un chantage douteux avec l’homme de main de le mari. Pour chaque touche du clavier qui lui est rendue, Baines – Harvey Keitel donc, dont on decouvrait deja l’imposante musculature l’annee precedente avec Bad Lieutenant – lui demande de se plier a ses souhaits.
Or chez Campion, la solitude desesperee parai®t forcement etre le terreau ideal d’une passion fievreuse. D’une contrainte initiale termine via naitre un jeu erotique trouble ou les deux corps s’apprehendent maladroitement autant qu’ils se rejettent. Mes images se chargent d’une sensualite deconcertante. Par la decouverte de son corps ainsi que son bonheur, Ada re-apprivoise sa voix et sa volonte propre. Paradoxalement, cet eveil charnel se mue en pulsion de life intense.
Une fond symbolique
J’ai force d’la realisatrice neo-zelandaise reste d’accompagner son heroine. Constamment a sa hauteur, la camera nous rend complice de ce plaisir illicite. Dans cet environnement vierge, ou l’ensemble des instincts primitifs semblent exacerbes jusqu’a rendre fous les hommes – son mari, ersatz de Barbe Bleue, ira jusqu’a lui couper un doigt a la hache -, Ada se decouvre une force inesperee. Elle s’observe dans un petit miroir, fascinee par le reflet : preuve nouvelle et inedite de le existence.
Son combat extreme Afin de echapper a sa condition passera avec une mort hautement symbolique. Enfin delivree de son mari et alors qu’elle s’eloigne de l’ile aux cotes de Baines ainsi que sa fille, elle donne l’ordre d’abandonner son piano qui va parfois Realiser chavirer toute l’embarcation. Reliee par un cordage a l’instrument, elle echappe de justesse a la noyade. “Quelle mort ! Quel hasard ! Et quelle surprise ! Ma volonte a choisi la vie”, s’avoue-t-elle, stupefaite. Les dernieres images la montrent heureuse, balbutiant enfin certains mots, renoncant definitivement au musellement.
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Une Palme d’Or historique
Film d’un lyrisme certain, appuye par la partition exaltee de Michael Nyman, il n’en est jamais moins teinte d’un gout amer. Ada ne va i?tre jamais libre et Campion parvient habilement a rendre compte des differents jeux de domination masculine dans lesquels evolue le heroine. Notre Lecon de piano demeure neanmoins une ?uvre feministe aggrementee d’un female gaze a part entiere : Ada McGrath l’emporte sur la morale conformiste et le puritanisme mortifere d’la societe victorienne par la reconquete de le propre corps.
Proche des precedentes realisations – Sweetie (1989) et Un Ange a ma table (1990) – via des themes centraux de l’affranchissement personnel et du desir feminin, Notre Lecon de piano, a Notre mise en scene plus classique, offrira a Jane Campion une renommee internationale. Palme d’or historique a Cannes en 1993, il est i chaque fois le seul long-metrage realise avec une femme a avoir remporte la prestigieuse recompense a votre jour. L’annee suivante, trois Oscars, dont celui d’la meilleure actrice pour Holly Hunter, viendront parfaire ce palmares exceptionnel. De une telle fresque romanesque majeure, un plan ne nous quitte plus : celui d’une pianiste defiant, seule, une mer dechainee.
Notre Lecon de piano, a voir dans Arte dimanche 16 mai a 20h55